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voyage en france par un français

te connais, tu es au-dessus de ces désordres, et tu as dans l’âme de trop fières affections pour m’alarmer beaucoup de ce chef. De la boisson, je n’en dirai un mot que pour te mettre en défense contre les camaraderies de comptoir, contre les « gouttes » hygiéniques du matin, digestives de midi, et apéritives de cinq heures, sous quelque nom qu’elles se présentent, « cognac » ou « bitter », prises avec tels bons camarades que leur estomac, solide ou non, sollicite vers ces joies glissantes. Et je te répéterai ici, ce que je te disais touchant le respect humain : plus le danger est vil et plus il y a à prendre de précautions. Un petit verre d’eau-de-vie, plate mais inoffensive récréation, invite au deuxième qui vous échauffe et au troisième qui vous excite ; le quatrième vous habitue et dès lors c’est la fin de l’homme, dans quelles catastrophes ! Evidemment, je mets les choses au pire et j’use des exemples les plus graves, mais non les moins fréquents, pour mieux te faire prudent. Il est clair que l’on peut accepter une invitation on la rendre en restant « dans de justes limites », mais toujours souviens-toi d’y rester, et ce n’est pas très facile. Fais-toi donc une règle assez stricte, et mets-la sous la protection divine. C’est la sagesse.

L’autre question, tu l’as en partie résolue toi--