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114 CORRESPONDANCE DE PAUL VERLAINE

LVII

[Mons], Dimanche, [novembre 1873] *.

Mon cher ami, je sais les durs tracas qui t'accablent et j'y prends bien part. Que te dire, moi, pauvre malheureux moi-même, sinon courage et courage encore, et au revoir dans des mois meilleurs. Ma mère te dira mes espoirs et mes résolutions.

Je te remercie bien de tes bons souvenirs, et j'envoie à Laure toutes mes gratitudes pour ses bonnes lettres à ma mère. Quand celle-ci sera à Paris, qu'elle aille la voir souvent.

Hein ? Quel malheur qu'une mauvaise femme, sotte et butée ! Elle aurait pu être si heureuse, si, pensant à son fils et se ressouvenant de son vrai devoir, elle m'eût rejoint alors que je l'en ai priée, surtout dernièrement, quand je l'avais prévenue que des malheurs arriveraient si elle persistait à me préférer sa famille (comment la qualifier, cette famille ?). Vous avez été témoins, toi et ta sœur, de mon chagrin et de ma longanimité, et de mes sacrifices en janvier 72. Toi, tu m'as vu en des circonstances terribles, seul et ne pensant qu'à cette malheureuse, et tremblant et pleurant à l'idée que je pouvais ne pas la revoir, et tu vois ce qu'elle a fait !

  • Papier blanc marque « Bath », encre noire, 1 f., recto, verso ; un dessin original à la plume illustre les vers qui accompagnent cette lettre. Ce dessin, représentant les obsèques de l'éditeur A. Lemerre, porte comme légende : Lugete ventres, etc.