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Page:Verlaine - Femmes - 1890.djvu/13

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IX

Tableau populaire


L’apprenti point trop maigrelet, quinze ans, pas beau,
Gentil dans sa rudesse un peu molle, la peau
Mate, œil vif et creux, sort de sa cotte bleue,
Fringante et raide au point, sa déjà grosse queue
Et pine la patronne, une grosse encore bien,
Pâmée au bord du lit dans quel maintien vaurien,
Jambes en l’air et seins au clair, avec un geste !
À voir le gars serrer les fesses sous sa veste
Et les fréquents pas en avant que ses pieds font ;
Il appert qu’il n’a pas peur de planter profond
Ni d’enceinter la bonne dame qui s’en fiche,
(Son cocu n’est-il pas là confiant et riche ?)
Aussi bien arrivée au suprême moment
Elle s’écrie en un subit ravissement :
« Tu m’as fait un enfant, je le sens, et t’en aime
D’autant plus » — « Et voilà les bonbons du baptême ! »
Dit-elle, après la chose ; et tendre à croppetons,
Lui soupèse et pelote et baise les roustons.


X

Billet à Lily


Ma petite compatriote,
M’est avis que veniez ce soir
Frapper à ma porte et me voir.

Ô la scandaleuse ribote
De gros baisers et de petits
Conforme à mes gros appétits ?
Mais les vôtres sont si mièvres ?

Primo, je baiserai vos lèvres,
Toutes, c’est mon cher entremets,
Et les manières que j’y mets,
Comme en tant de choses vécues,
Sont friandes et convaincues !
Vous passerez vos doigts jolis
Dans ma flave barbe d’apôtre,
Et je caresserai la vôtre.
Et sur votre gorge de lys,
Où mes ardeurs mettront des roses,
Je poserai ma bouche en feu.
Mes bras se piqueront au jeu,
Pâmés autour de bonnes choses
De dessous la taille et plus bas.
Puis mes mains, non sans fols combats
Avec vos mains mal courroucées
Flatteront de tendres fessées
Ce beau derrière qu’étreindra,
tout l’effort qui lors bandera
Ma gravité vers votre centre.

À mon tour je frappe. Ô dis : Entre !