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Juste sur ma face, de sorte
Que ma langue entre les deux trous
Divins vague de porte en porte
Au pourchas de riches ragoûts.

Tous les derrières à la file
S’en viennent généreusement
M’apporter, chacun en son style,
Ce vrai banquet d’un vrai gourmand.

Je me réveille, je me touche ;
C’est bien moi, le pouls au galop.
Le nom de Dieu de fausse couche !
Le nom de Dieu de vrai salop !


XIII

Reddition


Je suis foutu, tu m’as vaincu.
Je n’aime plus que ton gros cu
Tant baisé, léché, reniflé,
Et que ton cher con tant branlé,
Piné — car je ne suis pas l’homme
Pour Gomorrhe et pour Sodome,
Mais pour Paphos et pour Lesbos, —
(Et tant gamahuché, ton con)
Converti par tes seins si beaux,
Tes seins lourds que mes mains soupèsent
Afin que mes lèvres les baisent
Et, comme l’on hume un flacon,
Sucent leurs bouts raides puis mou
Ainsi qu’il nous arrive à nous
Avec nos gaules variables.
C’est un plaisir de tous les diables
Que tirer un coup en gamin,
En épicier ou en levrette,
Ou à la Marie-Antoinette
Et cætera jusqu’à demain
Avec toi, despote adorée
Dont la volonté m’est sacrée.
Plaisir infernal qui me tue
Et dans lequel je m’évertue
À satisfaire ta luxure.
Le foutre s’épand de mon vit
Comme le sang d’une blessure…
N’importe ! tant que mon cœur vit
Et que palpite encore mon être,
Je veux remplir en tout ta loi,
N’ayant, dure maîtresse, en toi
Plus de maîtresse, mais un maître.