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Page:Verlaine - Jadis et Naguère, 1891.djvu/105

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Nous allons, au hasard du soir et du chemin,
Comme les meurtriers et comme les infâmes,
Veufs, orphelins, sans toit, ni fils, ni lendemain.
Aux lueurs des forêts familières en flammes !

Ah, puisque notre sort est bien complet, qu’enfin
L’espoir est aboli, la défaite certaine,
Et que l’effort le plus énorme serait vain.
Et puisque c’en est fait, même de notre haine,

Nous n’avons plus, à l’heure où tombera la nuit.
Abjurant tout risible espoir de funérailles,
Qu’à nous laisser mourir obscurément, sans bruit,
Comme il sied aux vaincus des suprêmes batailles.


II

Une faible lueur palpite à l’horizon
Et le vent glacial qui s’élève redresse
Le feuillage des bois et les fleurs du gazon ;
C’est l’aube ! tout renaît sous sa froide caresse.