Page:Verlaine - Jadis et Naguère, 1891.djvu/165

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Ainsi de suite, et sa fade ironie
N’épargnait rien de rien dans sa blague infinie.
Elle écoutait le tout avec les yeux baissés
Des cœurs aimants à qui tous torts sont effacés,
Hélas !
L’après-demain et le lendemain se passent.
Il rentre et dit : « Altro ! Que voulez-vous que fassent
« Quatre pauvres petits millions contre un sort ?
« Ruinés, ruinés, je vous dis ! C’est la mort
« Dans l’âme que je vous le dis. »
Elle frissonne
Un peu, mais sait que c’est arrivé.
— « Ça, personne,
« Même vous, diletta, ne me croit assez sot
« Pour demeurer ici dedans le temps d’un saut
« De puce. »
Elle pâlit très fort et frémit presque.
Et dit : « Va, je sais tout. » — « Alors c’est trop grotesque
Et vous jouez là sans atouts avec le feu.
— « Qui dit non ? » — « Mais je suis spécial à ce jeu. »
— « Mais si je veux, exclame-t-elle, être damnée ? »
— « C’est différent, arrange ainsi ta destinée,
« Moi je sors, » — « Avec moi ! » — « Je ne puis aujourd’hui. »
Il a disparu sans autre trace de lui
Qu’une odeur de soufre et qu’un aigre éclat de rire.
Elle tire un petit couteau.