Page:Verlaine - Jadis et Naguère, 1891.djvu/49

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Je dirai nos plus beaux espoirs déçus sans cesse,
Ces deux cœurs dévoués jusques à la bassesse
Et soumis l’un à l’autre, et puis, finalement,
Pour toute récompense et tout remerciement,
Navrés, martyrisés, bafoués l’un par l’autre,
Ma folle jalousie étreinte par la vôtre,
Vos soupçons complétant l’horreur de mes soupçons,
Toutes vos trahisons, toutes mes trahisons !
Oui, puisque ce passé vous flatte et vous agrée,
Ce passé que je lis tracé comme à la craie
Sur le mur ténébreux du souvenir, je veux,
Ce passé tout entier, avec ses désaveux
Et ses explosions de pleurs et de colère,
Vous le redire, afin, ma chère, de vous plaire !

Rosalinde

Savez-vous que je vous trouve admirable, ainsi
Plein d’indignation élégante ?

Myrtil, irrité.

Merci !

Rosalinde

Vous vous exagérez aussi par trop les choses.
Quoi ! pour un peu d’ennui, quelques heures moroses,