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I, pourpres, sang craché, rire des lèvres belles
Dans la colère ou les ivresses pénitentes ;

U, cycles, vibrements divins des mers virides,
Paix des pâtis semés d’animaux, paix des rides
Que l’alchimie imprime aux grands fronts studieux

O, suprême Clairon plein de strideurs étranges,
Silences traversés des Mondes et des Anges :
— O l’Oméga, rayon violet de Ses Yeux !


La Muse (tant pis ! vivent nos pères !) la Muse, disons-nous, d’Arthur Rimbaud prend tous les tons, pince toutes les cordes de la harpe, gratte toutes celles de la guitare et caresse le rebec d’un archet agile s’il en fut.

Goguenard et pince-sans-rire, Arthur Rimbaud l’est, quand cela lui convient, au premier chef, tout en demeurant le grand poète que Dieu l’a fait.

A preuve l’Oraison du soir, et ces Assis à se mettre à genoux devant !

ORAISON DU SOIR


Je vis assis tel qu’un ange aux mains d’un barbier,
Empoignant une chope à fortes cannelures,