Page:Verlaine - Les Poètes maudits, 1888.djvu/37

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LES POÈTES MAUDITS 21 Ils ont greffé dans des amours épileptiques Leur fantasque ossature aux grands squelettes noirs De leurs chaises ; leurs pieds aux barreaux rachi- [tiques S'entrelacent pour les matins et pour les soirs. Ces vieillards ont toujours fait tresse avec leurs [sièges, Sentant les soleils vifs percaliser leurs peaux, Ou les yeux à la vitre où se fanent les neiges, Tremblant du tremblement do uloureux des crapauds. Et les Sièges leur ont des bontés ; culottée De brun, la paille cède aux angles de leurs reins. L*âme des vieux soleils s*allume, emmaillotée Dans ces tresses d*épis où fermentaiont les grains. Et les Assis, genoux aux dents, verts pianistes. Les dix doigts sous leur siège aux rumeurs de tam- |bour, S'écoutent clapoter des barcaroUes tristes Et leurs caboches vont dans des roulis d'amour. Oh ! ne les faites pas lever ! C'est le naufrage. Ils surgissent, grondant comme des chats gifflés. Ouvrant lentement leurs omoplates, ô rage ! Tout leur pantalon bouffe à leurs reins boursouflés. Et vous les écoutez cognant leurs têtes chauves Aux murs sombres, plaquant et plaquant leurs pieds [tors, ^ f