Page:Verlaine - Les Poètes maudits, 1888.djvu/45

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LES POÈTES MAUDITS 29 Qu’on appelle rouleurs éternels de victimes, Dix nuits, sans regretter Tœil niais des falots. Plus douce qu’aux enfants la chair des pommes sures L’eau verte pénétra ma coque de sapin Et des taches de vins bleus et des vomissures Me lava, dispersant gouvernail et grappin. Et dés lors je me suis baigné dans le poème De la mer, infusé d’astres et latescent, Dévorant les azurs verts où, flottaison blême Et ravie, un noyé pensif parfois descend, Où, teignant tout à coup les bleuités, délires Et rhythmes lents sous les rutilements du jour, Plus fortes que l’alcool, plus vastes gue vos lyres, Fermentent les rousseurs amères de l’amour. Je sais les cieux crevant en éclairs, et les trombes. Et les ressacs, et les courants, je sais le soir, L’aube exaltée ainsi qu’un peuple de colombes, Et j’ai vu quelquefois ce que l’homme a cru voir. J’ai vu le soleil bas taché d’horreurs mystiques Illuminant de longs flgements violets, Pareils à des acteurs de drames très antiques, Les flots roulant au loin leurs frissons de volets; - ^^W