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Ah ! la terre et la mer et le ciel, purs encor
Et jeunes, qu’arrosait une lumière d’or
Frémissante, entendaient, apaisant leurs murmures
De tonnerres, de flots heurtés, de moissons mûres,
Et retenant le vol obstiné des essaims,
Les Poëtes sacrés chanter les Guerriers saints,
Cependant que le ciel et la mer et la terre
Voyaient, — rouges et las de leur travail austère,
S’incliner, pénitents fauves et timorés,
Les Guerriers saints devant les Poëtes sacrés !
Une connexité grandiosement alme
Liait le Kçhatrya serein au Chanteur calme,
Valmiki l’excellent à l’excellent Rama :
Telles sur un étang deux touffes de padma.

— Et sous tes cieux dorés et clairs, Hellas antique,
De Spartè la sévère à la rieuse Attique,
Les Aèdes, Orpheus, Alkaïos, étaient
Encore des héros altiers, et combattaient.