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SAGESSE

Ton peuple, il se pille ou s’enchaîne
Et l’étranger y pond sa haine,
Ta chair s’irrite et tourne obscène,
Ton âme flue en rêves fous.

Mais, dis Jésus, aime, n’importe !
Puis de toute illusion morte
Fais un cortège, forme un chœur,
Va devant, tel aux champs le pâtre,
Tel le coryphée au théâtre,
Tel le vrai prêtre ou l’idolâtre,
Tels les grands parents près de l’âtre.
Oui, que devant aille ton cœur !

Et que toutes ces voix dolentes
S’élèvent rapides ou lentes,
Aigres ou douces, composant
À la gloire de Ma souffrance
Instrument de ta délivrance,
Condiment de ton espérance
Et mets de ta propre navrance,
L’hymne qui te sied à présent !