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souvenirs

II


À Alain Desvaux.

Pourquoi ce doux garçon s’entend-il surnommer « l’assassin » ? Serait-ce par antiphrase et faudrait-il en croire la légende qui veut qu’en train de suçons sur des frisons il ait naguère été l’objet d’une tentative de meurtre de la part d’une Espagnole soupçonnée d’être des Batignolles ? Je connais un peu la dame, et, vrai, je ne la crois pas démonstrative à ce point, mais bien très charmante et sanguinaire tout au plus comme un mouton mal enragé. Au demeurant, que de revanches cupidonesques ne prit-il pas d’autre part ! Je ne compte à son passif, en outre de la terrifique aventure ci-dessus indiquée, qu’une défaite, cette fois-ci brésilienne authentiquement, et j’y compatis d’autant plus que moi-même, quelque temps après, je passais par les mêmes fourches portugo-americo-caudines. Hasards de la guerre ! sombres fêtes ! Mais que diable voulez-vous ? On n’est pas des princes, ni des bœufs, comme avait coutume de dire un jeune faubourien,