Page:Vermorel - Le Parti socialiste.djvu/130

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cédés moins onéreux et plus conformes aux principes de liberté, d’égalité et de justice sur lesquels repose le droit moderne ? maintenant surtout que les progrès de la civilisation et de la solidarité des peuples tendent à éloigner de plus en plus l’éventualité des guerres en vue desquelles ont été instituées les grandes armées. D’autant plus que, suivant une observation profonde de J. B. Say, « loin de protéger l’indépendance nationale, un grand établissement militaire est peut-être ce qui la compromet le plus, par suite des tendances aggressives qu’il détermine chez ceux qui en disposent. »

La question se posait à peu près dans les mêmes termes qu’aujourd’hui en 1789.

« Les armées perpétuelles, disait Mirabeau dans son livre sur les Lettres de cachet, n’ont été, ne sont et ne seront bonnes qu’à établir l’autorité arbitraire et à la maintenir. La corruption, la vénalité préparent les chaînes d’un peuple libre ; mais c’est et c’est seulement la puissance légionnaire qui les rive… Lorsque les hommes voient se tourner contre eux les épées qu’ils ont imprudemment laissé lever pour leur défense, ils sont frappés de terreur et laissent renverser la constitution plutôt que d’en être les martyrs… Pour peu que vous vous relâchiez sur la continuelle vigilance qu’exige la conservation