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LE PARTI SOCIALISTE.

Nous avons beaucoup insisté sur ce point, et nous avons multiplié les opinions de penseurs et de savants qui ne peuvent paraître suspects, puisque aucun de ceux que nous avons cités n’appartient à l’école socialiste, parce que c’est le point essentiel de la doctrine qui nous paraît devoir rallier tous les esprits droits et désintéressés, tous ceux qui sont sincèrement dévoués à la cause de la liberté, et qui croient que la liberté ne peut reposer que sur la justice.

La science politique embrasse les rapports des hommes avec le gouvernement et elle doit reposer sur la liberté ; la science sociale embrasse les rapports des hommes entre eux, et elle doit reposer sur l’égalité. Le but des réformes sociales doit donc être la réalisation de l’égalité, comme le but des réformes politiques doit être la réalisation de la liberté. Et les réformes sociales doivent être le corollaire, le complément indispensable des réformes politiques. La liberté n’existera pas sans l’égalité, car l’organisation politique doit être l’expression de l’organisation sociale, et c’est quand le gouvernement au lieu d’émaner de la société est placé au-dessus d’elle qu’il y a despotisme. Les racines du despotisme sont donc sociales et non politiques ; et tant que les réformes n’auront pas embrassé l’ordre social en même temps que l’ordre