Page:Vermorel - Le Parti socialiste.djvu/263

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qui ne peut pas épargner, parce que son salaire est insuffisant, il n’y a ni sécurité ni liberté.

Mais si l’épargne garantit la sécurité individuelle, elle entretient l’insolidarité. Chacun pour soi. Tant pis pour ceux qui n’ont pas pu ou n’ont pas su épargner. La fable de la Cigale et la Fourmi est l’emblème de notre société. La fourmi économe est avare parce qu’elle est économe, et elle n’éprouve aucune compassion pour la légèreté imprévoyante de la cigale.

Les difficultés de la vie dessèchent le coeur, tarissent la générosité dans sa source, développent l’égoïsme. Dans les conditions de notre organisation sociale, la richesse prédispose à l’avarice.

Il n’y a pas de réciprocité entre les citoyens parce qu’il n’y a pas de solidarité entre eux. La fortune des uns est fondée sur la misère des autres ; voilà pourquoi les riches ont nécessairement le coeur sec, par instinct de la conservation de leurs richesses.

Quand l’organisation du travail et de l’échange aura été modifiée sur les bases que nous venons d’indiquer, l’égalité plus grande des rapports développera la solidarité.

Les coeurs seront plus ouverts à la fraternité quand la paix aura succédé à la guerre, quand l’antagonisme social aura fait place à l’harmonie.