Page:Vermorel - Le Parti socialiste.djvu/59

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Diviser pour régner, est une vieille maxime ; c’est le ba ba du despotisme. Pour maintenir les citoyens sous le joug d’une servitude impatiemment supportée, il faut les isoler dans leur revendication, dans leur ignorance, dans leur misère.

Car s’ils peuvent se réunir pour échanger leurs plaintes et leurs espérances, ils ne tarderont pas à avoir conscience de leur force, ils ne tarderont pas à sentir que leur servitude est une servitude volontaire, ainsi que l’a démontré La Boétie dans son sublime discours ; que pour briser le joug qui les opprime, ils n’ont même pas besoin de se révolter avec violence, mais qu’il leur suffit de rester immobiles, et de ne pas tendre le cou au joug.— Et alors c’en sera fait définitivement du despotisme.

Voilà pourquoi les gouvernements qui veulent tenir les peuples en esclavage ne peuvent tolérer l’existence du droit de réunion.

À un autre point de vue plus élevé encore, le véritable enseignement, la véritable initiation intellectuelle, morale, scientifique, se fait par la parole et par la discussion ; c’est la parole chaleureuse des orateurs qui fait surgir les sentiments généreux enfouis dans les profondeurs du cœur humain ; c’est la discussion qui du choc des opinions contradictoires fait jaillir l’étincelle qui éclaire le foyer des intelligences.