Ce petit pourcentage de matière n’est pas accidentel. Il est probablement constant et immuable pour chaque élément. C’est par une autre voie qu’il rentre dans la matière vivante après des milliers et des millions d’années. Dans cet intervalle de temps, les composés dégagés de la matière vivante jouent un rôle prépondérant dans l’histoire de la biosphère et même dans celle de l’écorce terrestre en général, car une grande partie de leurs atomes quitte pour longtemps les cadres de la biosphère.
Il s’agit ici d’un nouveau processus, la pénétration lente de la Terre par l’énergie radiante qui tombe sur elle du Soleil. Par ce processus, la matière vivante transforme la biosphère et l’écorce terrestre. Elle y abandonne incessamment une partie des éléments qui ont passés par elle, crée des masses d’un poids énorme, des minéraux inconnus ailleurs, ou pénètre la matière brute de la biosphère par la fine poussière de ses débris. D’autre part, elle modifie par son énergie cosmique les formes des composés formés indépendamment de son influence immédiate (§ 140 et suiv.).
L’écorce terrestre, sur toute la profondeur accessible à notre observation, est changée par ce moyen. L’énergie cosmique radiante pénètre toujours plus profondément sous cette forme au cours des temps géologiques en raison de cette action de la matière vivante à l’intérieur de la planète. Les minéraux se convertissent en formes phréatiques des systèmes moléculaires, et deviennent des instruments de ce transport.
La matière brute de la biosphère est dans une large mesure la création de la vie.
On revient sous une forme nouvelle aux idées des philosophes de la nature du début du xixe siècle, aux idées de L. Oken, J. Steffens et J. Lamarck. Pénétrés de l’idée de la portée primordiale de la vie dans les