dejord. Je la gardais pour moi, parce qu’il ne me convenait pas de t’enlever tout espoir, mon cher enfant. Mais j’en suis convaincu, nous devons désormais renoncer à franchir en trois mois la distance qui nous sépare du détroit de Behring.
— C’est mon avis », dit le docteur.
De son côté, M. Malarius indiqua d’un signe de tête qu’il partageait cette opinion.
« Eh bien, reprit Erik, cela posé, quelle ligne de conduite nous reste-t-il à adopter ?
— Il n’y en a qu’une de raisonnable et de confirmer au devoir, répondit M. Bredejord, c’est de renoncer à une entreprise que nous reconnaissons irréalisable et de rentrer à Stockholm. Tu l’as compris, mon enfant, et je te félicite au nom de nous tous de savoir regarder cette nécessité en face.
— Voilà un compliment que je ne saurais accepter, s’écria Erik en souriant, car je ne le mérite en rien. Non ! je ne songe nullement à renoncer à notre entreprise, et je suis loin de la regarder comme irréalisable !… Je crois seulement que, pour la mener à bien, il est nécessaire de déjouer les machinations du scélérat qui nous guette, et, dans ce but, la première mesure à prendre est de changer entièrement notre itinéraire.
— Un changement d’itinéraire pourra seulement compliquer les difficultés, répliqua le docteur, puisque nous avons arrêté le plus direct. S’il nous est malaisé d’arriver en trois mois au détroit de