L’Alaska n’avait pas plus tôt stoppé, qu’Erik se jetait dans la baleinière et accostait le bateau à charbon :
« Semper idem, dit-il en abordant le patron.
— Lisbonne, répondit le Yankee.
— Il y a longtemps que vous m’attendez ici ?
— Cinq semaines ! Nous avons quitté San Francisco un mois après l’arrivée de votre dépêche !
— Était-on toujours sans nouvelles de Nordenskjöld ?
— À San Francisco, on n’en avait pas de certaines. Mais, depuis que je suis ici, j’ai parlé à plusieurs baleiniers qui disent avoir entendu rapporter par les naturels de Serdze-Kamen qu’un navire européen est, depuis neuf ou dix mois, arrêté dans les glaces à l’ouest de ce cap. Ils pensent que c’est la Véga.
— En vérité ! s’écria Erik avec une joie facile à comprendre. Et vous croyez qu’elle y est encore et n’a pas franchi le détroit ?
— Je l’affirme. Pas un navire n’a passé par ici depuis cinq semaines, sans que je lui aie parlé.
— Dieu soit loué ! Nos peines n’auront pas été sans récompense, si nous arrivions à retrouver Nordenskjöld !
— Vous ne serez pas les premiers, dit le Yankee avec un sourire ironique. Un yacht américain vous précède. Il a passé ici, il y a trois jours, et, comme vous, s’est enquis de Nordenskjöld.