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coups de canon

le temps de redescendre sur le pont, qu’un obus passa en sifflant au-dessus de sa tête.

Ainsi, l’Albatros était armé et comptait se défendre !

« J’aime mieux qu’il en soit ainsi et qu’il ait tiré le premier ! » se dit Erik en donnant ordre de riposter.

Son obus ne fut pas plus heureux que celui de Tudor Brown, et s’en alla toucher à deux ou trois cents mètres du but. Mais le combat était engagé maintenant, et bientôt le tir se régularisa. Un projectile américain cassa net la grande vergue de l’Alaska, s’abattit sur le pont et, en éclatant, tua deux hommes. Un obus suédois porta en plein sur la dunette de l’Albatros et dut y faire de grands ravages. Plusieurs autres projectiles se logèrent de part et d’autre dans la coque ou dans les manœuvres.

Les deux navires se rapprochaient de plus en plus, en virant tout à coup pour échanger leurs bordées, quand un roulement lointain vint se mêler à la voix du canon, et les équipages, en levant la tête, virent le ciel tout noir du côté de l’est.

Un orage, un rideau de brume ou de neige, allait-il s’interposer entre l’Albatros et l’Alaska, permettre à Tudor Brown de s’échapper ? C’est ce qu’Erik ne voulait à aucun prix. Il résolut d’en venir à l’abordage. Armant tout son monde de sabres, de haches, de coutelas, et remettant son navire en marche, il le jeta à toute vapeur contre le yacht.