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coups de fusil.

— Oui, un navire parti en 1869 pour les mers arctiques. Une partie de son équipage se trouva, comme nous, jetée sur un radeau de glace, où elle était en train de transporter des vivres et du charbon. Les braves gens durent s’accommoder de leur mieux sur la banquise flottante. Ils y vécurent six mois et demi, parcourant avec elle une distance de plusieurs milliers de lieues, et finirent par aborder sur les terres arctiques de l’Amérique du Nord.

— Puissions-nous avoir le même bonheur ! dit maaster Hersebom en soupirant… Mais nous ferons bien, je pense, de manger un morceau.

— C’est mon avis, répliqua Erik. Un biscuit et une tranche de bœuf fumé seront les bienvenus ! »

Maaster Hersebom défonça deux tonneaux pour en extraire les éléments du déjeuner. Avec la pointe de son couteau il fora au flanc d’une pièce de brandevin un trou qu’il boucha à l’instant avec un fuseau de bois taillé dans un cercle de barrique et qui devait permettre de la saigner à volonté. Puis, on se mit en devoir de faire honneur aux provisions.

« Est-ce que le radeau de l’équipage de la Hansa était aussi grand que le nôtre ? demanda le vieux pêcheur, au bout de dix minutes consciencieusement employées à réparer ses forces.

— Je ne le crois pas ! Le nôtre doit avoir au moins dix ou douze kilomètres de long. Celui de la Hansa en avait deux à peine. Encore était-il réduit à sa plus simple expression, après six mois