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l’épave du cynthia.

encore obscure. Et peu à peu bien des points inexpliqués cessaient de l’être. La lueur jaillissait du rapprochement des circonstances, des longues causeries, des discussions.

D’abord, qui était ce Tudor Brown ? Quel si grand intérêt avait-il eu à empêcher qu’on fût mis, par Patrick O’Donoghan, sur la trace de la famille d’Erik ? Un mot du malheureux Irlandais suffisait à l’établir. Tudor Brown s’appelait en réalité M. Jones, seul nom sous lequel Patrick O’Donoghan le connût. Or, M. Noah Jones était l’associé du père d’Erik pour l’exploitation d’une mine de pétrole découverte par le jeune ingénieur en Pennsylvanie. Le seul énoncé du fait jetait un jour sinistre sur des événements si longtemps restés mystérieux. Le naufrage suspect du Cynthia, la chute de l’enfant à la mer, peut-être la mort du père d’Erik — tout cela, hélas ! devait avoir eu pour origine un traité d’association que M. Durrien retrouva dans ses papiers et qu’il élucida de quelques commentaires.

« Plusieurs mois avant son mariage, expliqua-t-il aux amis d’Erik, mon gendre avait découvert près de Harrisburg une source de pétrole. Il lui manquait le capital nécessaire pour s’assurer cette propriété, et il se voyait exposé à en perdre tous les avantages. Le hasard le mit en relations avec ce Noah Jones, qui se donnait pour un marchand de bœufs du Far West, mais était en réalité — on le sut plus tard — un importateur d’esclaves de la