t’achever, nous allons établir la donnée numérique de ces diverses expressions, c’est-à-dire chiffrer leur valeur.
— Achevez-moi ! répondit Michel.
— De ces expressions, dit Barbicane, les unes sont connues, les autres sont à calculer.
— Je me charge de ces dernières, dit Nicholl.
— Voyons r, reprit Barbicane. r, c’est le rayon de la Terre qui, sous la latitude de la Floride notre point de départ, égale six millions trois cent soixante-dix mille mètres. d, c’est-à-dire la distance du centre de la Terre au centre de la Lune, vaut cinquante-six rayons terrestres, soit… »
Nicholl chiffra rapidement.
« Soit, dit-il, trois cent cinquante-six millions sept cent vingt mille mètres, au moment où la Lune est à son périgée, c’est-à-dire à sa distance la plus rapprochée de la Terre.
— Bien, fit Barbicane. Maintenant m prime sur m, c’est-à-dire le rapport de la masse de la Lune à celle de la Terre, égale un quatre-vingt-unième.
— Parfait, dit Michel.
— g, la gravité, est à la Floride de neuf mètres quatre-vingt-un. D’où résulte que gr égale…
— Soixante-deux millions quatre cent vingt-six mille mètres carrés, répondit Nicholl.
— Et maintenant ? demanda Michel Ardan.
— Maintenant que les expressions sont chiffrées, répondit Barbicane, je vais chercher la vitesse v zéro, c’est-à-dire la vitesse que doit avoir le projectile en quittant l’atmosphère pour atteindre le point d’attraction égale avec une vitesse nulle. Puisque, à ce moment, la vitesse sera nulle, je pose qu’elle égalera zéro, et que x, la distance où se trouve ce point neutre, sera représentée par les neuf dixièmes de d, c’est-à-dire de la distance qui sépare les deux centres.
— J’ai une vague idée que cela doit être ainsi, dit Michel.
— J’aurai donc alors : x égale neuf dixièmes de d, et v égale zéro, et ma formule deviendra… »
Barbicane écrivit rapidement sur le papier :
Nicholl lut d’un œil avide.
« C’est cela ! c’est cela ! s’écria-t-il.
— Est-ce clair ? demanda Barbicane.