Page:Verne - Bourses de voyage, Hetzel, 1904, tome 1.djvu/239

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cet exercice. Le menu des repas s’en ressentait agréablement, grâce à ces poissons de pleine mer, bonites, dorades, esturgeons, morues, thons, dont se régalait aussi l’équipage.

Assurément, M. Patterson eût pris le plus vif plaisir à suivre les péripéties de ces pêches ; mais, s’il quittait sa cabine, ce n’était encore que pour respirer l’air frais de l’espace. Certes, il ne se fût pas moins intéressé à observer les ébats des marsouins, des dauphins, qui s’élançaient et plongeaient sur les flancs de l’Alert, à entendre les cris des jeunes passagers, admirant les prodigieuses culbutes et cabrioles de ces « clowns océaniques » !

« En voici deux que l’on aurait pu tirer au vol !… déclarait l’un.

— Et ceux-ci, qui vont se heurter contre l’étrave ! » s’écriait l’autre.

Ces souples et agiles animaux se rencontraient parfois en bandes de quinze ou vingt, tantôt à l’avant, tantôt dans le sillage du navire. Et ils marchaient plus vite que lui ; ils apparaissaient d’un côté et, à l’instant, ils se montraient de l’autre, après avoir passé sous la quille ; ils faisaient des bonds de trois à quatre pieds ; ils retombaient en décrivant des courbes gracieuses, et l’œil pouvait les