Page:Verne - Bourses de voyage, Hetzel, 1904, tome 1.djvu/244

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parcourir l’horizon en direction de l’ouest. Toutefois, pour des yeux inhabitués, il était facile de confondre ces hautes terres avec les nuages à la limite de la mer et du ciel.

Cependant les Bermudes pouvaient être déjà aperçues dans la matinée, — ce que fit observer John Carpenter à Tony Renault et à Magnus Anders, les plus impatients de la bande.

« Là… regardez… dit-il, par tribord devant…

— Vous distinguez des cimes de montagnes ?… demanda Magnus Anders.

— Oui, mon jeune monsieur… Elles pointent même au-dessus des nuages, et vous ne tarderez pas à les reconnaître. »

En effet, avant le coucher du soleil, des masses arrondies se dessinèrent assez confuses vers le couchant, et, le lendemain, l’Alert passait en vue de l’île Saint-David, la plus orientale de l’archipel.

Du reste, il fallut tenir tête à de violents grains. Certaines rafales, entremêlées d’éclairs, qui tombaient du sud-est, contraignirent l’Alert à prendre la cape. Toute la journée et la nuit suivante, la mer fut démontée. Sous ses huniers au bas ris, le trois-mâts dut faire la route contraire ; il