Page:Verne - Bourses de voyage, Hetzel, 1904, tome 2.djvu/23

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eussent fait l’apprentissage de cette nouvelle existence.

L’acte avait bien imposé certaines obligations qui devaient en atténuer le contrecoup ; mais les nègres, presque aussitôt affranchis de ces obligations, eurent tous les avantages et tous les inconvénients d’une entière liberté.

Il est vrai, ce brusque changement fut facilité par la situation des maîtres et des esclaves qui formaient de véritables familles. Aussi, bien que l’acte d’abolition rendit immédiatement libres trente-quatre mille nègres, alors que la colonie ne comptait que deux mille blancs, il n’y eut aucun excès à regretter, aucune scène de violence à déplorer. D’un côté comme de l’autre s’établit une parfaite entente, et les affranchis ne demandèrent qu’à rester sur les plantations comme domestiques ou gens à gages. Il convient d’ajouter que les colons se montrèrent très soucieux du bien-être des anciens esclaves. Ils assurèrent leur existence par un travail régulier et rémunérateur ; ils construisirent pour eux des habitations plus confortables que les cases d’antan. Ces noirs, mieux vêtus, au lieu d’être nourris presque