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césar cascabel.

Ces employés, heureux d’une visite qui rompait la monotonie de leur existence, firent bon accueil au personnel de la Belle-Roulotte. Aussi M. Cascabel résolut-il de prendre un repos de vingt-quatre heures.

Toutefois, il fut décidé que la voiture traverserait le fleuve Youkon en cet endroit, afin de ne pas avoir à le franchir plus tard et peut-être dans des conditions moins favorables. En effet, son lit gagnait en largeur et son cours en rapidité, à mesure qu’il se développait vers l’ouest.

Ce fut M. Serge qui donna ce conseil, après avoir étudié sur la carte le tracé du Youkon, qui coupait l’itinéraire à deux cents lieues en avant de Port-Clarence.

Donc, un bac transporta la Belle-Roulotte sur la rive droite, avec l’aide des agents et des Indiens, cantonnés aux environs du fort Selkirk, et qui exploitent les eaux poissonneuses du fleuve.

Par contre, l’arrivée de la famille ne leur fut pas inutile et, en échange de leurs services, elle put en rendre un dont ils apprécièrent toute l’importance.

Le chef de la tribu était alors gravement malade — du moins, on l’aurait pu croire. Or, il n’avait pour remèdes et pour médecin que le magicien traditionnel et les médications magiques en usage chez les tribus indigènes. Aussi depuis quelques temps, ce chef avait-il été couché sur la place du village, où un grand feu brûlait nuit et jour. Les Indiens, rassemblés autour de lui, chantaient en chœur une invocation au grand Manitou, tandis que le magicien essayait ses meilleurs sortilèges afin de chasser le mauvais esprit logé dans le corps du malade. Et, pour y mieux réussir, il essayait d’introduire ledit esprit dans sa propre personne ; mais celui-ci, très tenace, ne voulait point déguerpir.

Heureusement, M. Serge, qui avait quelque teinture de médecine, put donner au chef indien des soins en rapport avec son état.

Lorsque M. Serge l’eut examiné, il diagnostiqua sans peine la maladie de l’auguste malade et, recourant à la petite pharmacie de