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port-clarence.

ni les fatigues ne m’effrayent, et je les partagerais volontiers avec vous, si…

— Pourquoi n’achèverions-nous pas le voyage ensemble ? demanda Cornélia.

— Que ce serait gentil ! ajouta Sandre.

— Et je vous embrasserais bien, si vous disiez oui !… » s’écria Napoléone.

Jean et Kayette n’avaient pas prononcé un seul mot, et leur cœur battait violemment.

« Mon cher Cascabel, dit alors M. Serge, après avoir réfléchi pendant quelques instants, je désirerais avoir un entretien avec votre femme et vous.

À vos ordres… et tout de suite…

— Non… demain », répondit M. Serge.

Là dessus, chacun regagna sa couchette, très inquiet et très intrigué à la fois.

À quel propos M. Serge demandait-il cet entretien ? Se décidait-il à changer ses projets, ou voulait-il seulement mettre la famille en mesure de faire son voyage dans de meilleures conditions, en lui faisant accepter quelque argent ?…

En tout cas, ni Jean ni Kayette ne purent trouver une heure de sommeil.

Ce fut le lendemain, dans la matinée, que l’entretien eut lieu. Non par méfiance des enfants, mais par crainte d’être entendu des indigènes ou autres, qui allaient et venaient, M. Serge avait prié M. et Mme Cascabel de l’accompagner à quelque distance du campement. Sans doute, ce qu’il avait à dire était important, et il convenait que cela fût tenu secret.

Tous trois remontèrent la grève, en se dirigeant vers la fabrique d’huile, et voici comment s’engagea cet entretien :

« Mes amis, dit M. Serge, écoutez-moi, et réfléchissez bien avant de répondre à la proposition que je vais vous faire. Je ne doute pas de votre bon cœur, et vous m’avez prouvé jusqu’où peut aller votre