ou tout au moins de l’y maintenir. Il allait, venait, courait, gambadait comme les deux chiens, et même se donnait le plaisir de longues glissades. Toutefois, son père ne lui avait point permis de chausser les raquettes esquimaudes, et c’est bien cela qui le chagrinait.
« Avec ces patins-là, on aurait traversé le détroit en quelques heures !
— À quoi bon, répondit M. Cascabel, puisque nos chevaux ne savent pas patiner !
— Faudra que je leur apprenne ! » répondit le gamin en faisant une culbute.
Entre-temps, Cornélia, Kayette et Napoléone s’occupaient de la cuisine, et une légère fumée de bon augure sortait du petit tuyau de tôle. Si elles ne souffraient point du froid à l’intérieur des compartiments hermétiquement clos, il fallait songer à ceux qui étaient dehors. Et c’est ce qu’elles faisaient, en tenant toujours prêtes quelques chaudes tasses de thé, additionnées de cette eau-de-vie russe, cette vodka, qui ranimerait un mort !
En ce qui est des chevaux, leur nourriture était assurée au moyen de ces bottes d’herbe sèche, fournies par les Esquimaux de Port-Clarence, qui devaient suffire pour la traversée du détroit. Wagram et Marengo avaient en abondance de la chair d’élan dont ils se montraient satisfaits.
Au surplus, l’ice-field n’était pas aussi dépourvu de gibier qu’on pourrait le croire. Dans leurs courses, les deux chiens faisaient lever des milliers de ptarmigans, de guillemots et autres volatiles spéciaux aux régions polaires. Ces volatiles, apprêtés avec soin et débarrassés de leur goût huileux, peuvent encore fournir un manger acceptable. Mais, comme rien n’eût été plus inutile que de les abattre, puisque l’office de Cornélia était amplement garni, il fut décidé que les fusils de M. Serge et de Jean resteraient au repos pendant le voyage de Port-Clarence à Numana.
Quant aux amphibies, phoques et autres congénères marins, très