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Page:Verne - César Cascabel, 1890.djvu/308

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hivernage.

d’ailleurs, on les en eût empêchés. Aussi, combien ces journées sans soleil, ou plutôt ces nuits de près de vingt-quatre heures, leur paraissaient interminables !

Kayette, il est vrai, habituée aux hivers du Nord-Amérique, ne craignait pas de braver le froid du dehors. C’est également ce que faisaient les femmes indigènes. Elles vaquaient à leurs travaux habituels, vêtues d’une double robe de peau de renne, enveloppées du palsk de fourrure, chaussées de bas en pelleterie et de mocassins en cuir de phoque, coiffées d’un bonnet garni de peau de chien. On ne leur voyait même pas le bout du nez — ce qui n’était pas à regretter, semblait-il.

M. Serge, M. Cascabel, ses deux fils et Clou-de-Girofle, étroitement serrés dans leurs fourrures, faisaient quotidiennement la visite obligatoire à Tchou-Tchouk, ainsi que les deux matelots russes, auxquels on avait procuré de chaudes couvertures.

En somme, les habitants de la Nouvelle-Sibérie n’hésitent point à sortir, quelque temps qu’il fasse. Ils chassent à la surface des longues plaines, durcie par le froid, se désaltérant de neige, se nourrissant de la chair des animaux qu’ils tuent en route. Leurs traîneaux, très légers, fabriqués avec les maxillaires, les côtes et les fanons de baleine, sont montés sur des patins ou raquettes qu’ils garnissent d’une couche de glace en les arrosant au moment du départ. Ils ont pour attelage des équipages de rennes, qui leur rendent d’excellents services. Quant à leurs chiens, de race samoyède, ils ressemblent à des loups, dont ils ont d’ailleurs la férocité ; ils sont hauts sur pattes, et doublés d’une épaisse fourrure noire et blanche ou jaune et brune.

Lorsque les Néo-Sibériens voyagent à pied, ils chaussent la longue raquette, le « ski », autrement dit le patin à neige, avec lequel ils franchissent rapidement de vastes espaces, sur le bord des détroits qui séparent les diverses îles de l’archipel, en suivant les « tundras », bandes de terre le plus ordinairement formées sur la lisière des rivages arctiques.