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jusqu’à l’obi

« Les Ostiaks de la haute Sibérie portent un double vêtement pour se préserver du froid : une couche de crasse et une peau de renne par-dessus ! »

Quant à leur nourriture, elle se compose presque uniquement de poisson à demi cru et de viande à laquelle ils ne font jamais subir aucune cuisson.

Cependant, ce qui est habituel aux nomades, dont les troupeaux sont dispersés sur la steppe, ne l’est pas à ce degré, lorsqu’il s’agit des habitants des principales bourgades. Aussi, au bourg de Starokhantaskii, les voyageurs trouvèrent-ils une population un peu plus présentables, quoique peu hospitalière et mal accueillante envers les étrangers.

Les femmes, tatouées de dessins bleuâtres, portaient le « vakocham », sorte de voile rouge, garni de bandes bleues, le jupon à couleurs voyantes, le corset de nuance plus claire, dont la défectueuse coupe leur déforme la taille, disposé au-dessus d’une large ceinture ornée de grelots, qui sonnent à chaque mouvement comme le harnachement d’une mule espagnole.

Quant aux hommes, pendant l’hiver — et quelques-uns étaient encore vêtus de la sorte — ils ressemblent à des bêtes, étant recouverts d’un vêtement de peau dont le poil est tourné en dehors. Leur tête disparaît sous le capuchon du « maltza » et du « parka », où sont ménagées des fentes pour les yeux, la bouche et les oreilles, impossible de rien voir des traits de leur visage — ce qui n’est pas regrettable probablement.

Chemin faisant, la Belle-Roulotte rencontra quelquefois plusieurs de ces traîneaux appelés « narkes ». Attelés de trois rennes au moyen d’une simple courroie qui passe sous le ventre de ces animaux et d’une seule guide qui se rattache à leurs cornes, ces narkes peuvent faire de sept à huit lieues, sans que l’attelage ait besoin de reprendre haleine.

Il ne fallait pas songer à obtenir un tel effort des rennes qui traînaient la voiture. Il n’y avait pas lieu de se plaindre cependant : ils rendaient de très grands services.