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du fleuve obi aux monts ourals


« Eh bien, père ?… demanda la fillette.

— Ce n’est rien, répondit M. Cascabel. De simples loups, qui se promènent à la belle étoile !… Restez dans vos chambres, et passez-nous  nos armes pour les tenir en respect ! »

Un instant après, fusils et revolvers étaient entre les mains de M. Serge et de ses compagnons.

« Rappelez les chiens ! » dit-il.

Wagram et Marengo, qui rôdaient sur la lisière du bois, revinrent à la voix de Jean, en proie à une fureur qu’il n’eût pas été facile de contenir.

Une décharge générale fut faite alors dans la direction des points lumineux, et d’effroyables hurlements indiquèrent que la plupart des coups avaient porté.

Mais il fallait que le nombre des loups fût considérable, car le cercle se resserra, et une cinquantaine de ces animaux envahirent la clairière.

« À la Roulotte !… À la Roulotte !… cria M. Serge. Nous allons être assaillis !… C’est là seulement que nous pourrons nous défendre.

— Et les rennes ?… dit Jean.

— Nous ne pouvons rien pour les sauver ? »

Il était trop tard, en effet. Déjà quelques-unes des bêtes de l’attelage avaient été égorgées, tandis que les autres, après avoir brisé leurs entraves, s’étaient enfuies à travers les profondeurs des bois.

Sur l’ordre de M. Serge, tous rentrèrent dans la voiture avec les deux chiens, et la porte de l’avant-train fut refermée.

Il était temps ! Au milieu des lueurs du crépuscule, on put voir les loups bondir autour de la Belle-Roulotte et sauter jusqu’à la hauteur de ses fenêtres.

« Que deviendrons-nous sans attelage ?… ne put s’empêcher de dire Cornélia.

— Commençons par nous débarrasser de cette bande ! répondit M. Serge.

— Nous en viendrons à bout, que diable ! s’écria M. Cascabel.