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césar cascabel.

banquette de l’avant-train, menaçaient de défoncer la porte, qu’il fallut barricader solidement. Quelques-uns même couraient sur la galerie supérieure, se penchaient jusqu’aux fenêtres, les frappaient à coups de pattes, ne disparaissaient que lorsqu’une balle les rejetait à terre.

Napoléone, très effrayée, poussait des cris. La « peur du loup », si intense chez les enfants, n’était alors que trop justifiée. Kayette, qui n’avait rien perdu de son sang-froid, essayait en vain de calmer la petite fille. Il faut dire aussi que Mme  Cascabel n’était pas rassurée sur l’issue de la lutte.

En effet, si cela se prolongeait, la situation deviendrait de plus en plus périlleuse. Comment la Belle-Roulotte pourrait-elle résister à l’assaut de ces innombrables loups ?… Et, si elle était renversée, n’était-ce pas l’égorgement inévitable de tous ceux qui y avaient cherché refuge ?

Or, l’affaire durait depuis une demi-heure environ, lorsque Kirschef s’écria :

« Les munitions vont manquer ! »

Une vingtaine de cartouches, voilà tout ce qui restait pour le fonctionnement des fusils et des revolvers.

« Ne tirons plus qu’à coup sûr ! » dit M. Cascabel.

À coup sûr ?… Mais tous les coups ne portaient-ils pas au milieu de cette masse d’assaillants ? Seulement, les loups étaient plus nombreux que les balles ; ils se renouvelaient sans cesse, tandis que les armes à feu allaient être réduites à se taire !… Que devenir ?… Attendre le jour ?… Et si le jour ne mettait pas la bande en fuite ?…

C’est alors que M. Cascabel brandissant son revolver qui allait devenir inutile, s’écria :

« J’ai une idée !

— Une idée ?… répondit M. Serge.

— Oui !… et une bonne !… Il s’agit tout simplement de prendre un ou deux de ces coquins-là !

— Et comment ?… demanda Cornélia.