trouvons par le fait de ces malfaiteurs… Des Anglais, des Englishmen !… Donc, il s’agit de ne pas aller par quatre chemins, d’autant plus qu’il n’y en a pas quatre… Il n’y en a qu’un, et c’est celui que nous prendrons tout à l’heure !
— Lequel ? demanda Sandre.
— Je vous ferai tout à l’heure connaître le projet qui m’est venu à la tête, répondit M. Cascabel. Mais, pour savoir s’il est exécutable, il faut que Jean apporte sa machine où il y a des cartes…
— Mon atlas, dit Jean.
— Oui, ton atlas. Tu dois être très fort en géographie !… Va chercher ton atlas.
— À l’instant, père. »
Et, lorsque l’atlas eut été déposé sur la table, M. Cascabel reprit en ces termes :
« Il est bien entendu, enfants, quoique ces coquins d’Anglais — comment ne me suis-je pas douté que c’étaient des Anglais ! — nous aient volé notre coffre — pourquoi ai-je eu l’idée d’acheter un coffre ! — il est bien entendu, dis-je, que nous ne renonçons pas à notre idée de retourner en Europe…
— Y renoncer ?… jamais ! s’écria Mme Cascabel.
— Dignement répondu, Cornélia ! Nous voulons rentrer en Europe, et nous y rentrerons ! Nous voulons revoir la France et nous la reverrons ! Ce n’est pas parce que des gueux nous ont dépouillé que… Moi d’abord il me faut l’air du pays, ou je mourrai…
— Et je ne veux pas que tu meures, César ! Nous sommes partis pour l’Europe… malgré tout, nous y arriverons…
— Et de quelle façon ? demanda Jean, avec insistance. Oui ! de quelle façon ?
— En effet, de quelle façon ?… répondit M. Cascabel, qui se grattait le front. Certainement, en donnant des représentations sur notre route, nous parviendrons à gagner au jour le jour de quoi conduire la Belle-Roulotte jusqu’à New York… Mais, une fois là, faute de la somme nécessaire pour payer sa place, pas de paquebot !… Et, sans