— Il y a le détroit de Behring, qui sépare les deux continents, l’Amérique de l’Asie.
— Et combien de lieues cela nous fait-il jusqu’au détroit ?…
— Onze cents lieues.
— Retiens bien, Napoléone, et tu additionneras ensuite.
— Et moi ?… demanda Sandre.
— Toi, aussi.
— Maintenant, ton détroit, Jean, qu’est-ce qu’il peut bien avoir de large ?
— Une vingtaine de lieues, père.
— Oh ! une vingtaine de lieues !… fit observer Mme Cascabel.
— Un ruisseau, Cornélia, autant dire un ruisseau.
— Comment !… Un ruisseau ?…
— Oui !… D’ailleurs, Jean, est-ce qu’il ne gèle pas l’hiver, ton détroit de Behring ?
— Si, père ! Pendant quatre ou cinq mois, il est complètement pris…
— Bravo ! et on peut alors le franchir sur la glace ?…
— On le peut, et on le fait.
— Ah ! l’excellent détroit !
— Mais ensuite, demanda Cornélia, est-ce qu’il n’y a plus de mer à traverser ?…
— Non ! C’est le continent asiatique qui s’étend jusqu’à la Russie d’Europe.
— Montre-nous cela, Jean. »
Et Jean chercha dans l’atlas la carte générale de l’Asie, que M. Cascabel examina attentivement.
« Eh ! voilà qui s’arrange à souhait, dit-il, s’il n’y a pas trop de pays sauvages dans ton Asie !…
— Pas trop, père !
— Et où est l’Europe ?…
— Là, répondit Jean, en appuyant son doigt sur la frontière de l’Oural.