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césar cascabel.

VII

à travers le caribou


Honnête Cascabel, que n’étais-tu venu quelques années auparavant visiter la région que va déployer devant tes pas cette partie de la Colombie anglaise ! Pourquoi les hasards de ta vie foraine ne t’y avaient-ils pas conduit, lorsque l’or recouvrait son sol et qu’il n’y avait qu’à se baisser pour en prendre ! Pourquoi le récit que Jean fit à son père de cette extraordinaire période n’était-il que le récit du passé, et non celui du présent !

« Voici le Caribou, père, dit Jean ce jour-là, mais peut-être ne sais-tu pas ce qu’est le Caribou ?

— Je ne m’en doute même pas, répondit M. Cascabel. Est-ce un animal à deux ou quatre pattes ?

— Un animal, s’écria Napoléone. Est-ce qu’il est gros ?… Est-ce qu’il est méchant ?… Est-ce que ça mord ?…

— Ce n’est point un animal, répondit Jean, c’est tout simplement une contrée qui porte ce nom, la contrée de l’or, l’Eldorado de la Colombie. Que de richesses elle contenait, et que de gens elle a enrichis…

— En même temps que d’autres s’y ruinaient, j’imagine ? répliqua M. Cascabel.

— En effet, père, et j’ajouterai même que ce fut le plus grand nombre. Et pourtant, il y eut des associations de mineurs, qui recueillirent jusqu’à deux mille marcs d’or par journée. Dans une certaine vallée du Caribou, la vallée de William-creek, on puisait à pleines mains ! »