sans dire qu’il détestait les Français, autant pour le moins que M. Cascabel détestait ses compatriotes. On voit si tous deux étaient faits pour s’entendre !
Or, le soir même de la halte, tandis que Jean, Sandre et Clou étaient allés aux provisions, il arriva que les chiens du baronnet se rencontrèrent dans le voisinage de la Belle-Roulotte avec Wagram et Marengo, lesquels partageaient évidemment les antipathies nationales de leur maître.
De là, désaccord entre l’épagneul et le caniche d’une part, et les « pointers » de l’autre, puis vacarme, coups de dents, bataille, et, finalement, intervention des propriétaires.
Sir Edward Turner, ayant entendu tout ce bruit, sortit de la maison qu’il occupait à l’entrée du village, et vint menacer de son fouet les deux chiens de M. Cascabel.
Aussitôt celui-ci de s’élancer au-devant du baronnet, et de prendre fait et cause pour ses bêtes.
Sur Edward Turner — il s’exprimait en un français très correct — reconnut aussitôt à qui il avait affaire, et sans chercher à mettre la moindre réserve à son insolence, il ne se gêna pas pour traiter « britanniquement » le saltimbanque en particulier et ses compatriotes en général.
On imagine aisément ce que dut éprouver M. Cascabel devant de tels propos.
Toutefois, comme il ne voulait pas se créer une mauvaise affaire — surtout en pays anglais — et par suite des embarras qui auraient pu retarder son voyage, il se contint et répondit d’un ton qui n’avait rien d’inconvenant :
« Ce sont vos chiens, monsieur, qui ont commencé par attaquer les miens !
— Vos chiens !… riposta le baronnet. Des chiens de bateleur !… Ils ne sont bons qu’à être reçus à coups de crocs ou à coups de fouet !
— Je vous ferai observer, reprit M. Cascabel, en s’animant malgré