se dessinaient en noir dans la fournaise, avec leurs branches couvertes de charbons incandescents ; cet amas enflammé, cet embrasement se réfléchissait dans les nuages, et les voyageurs se crurent enveloppés dans une sphère de feu.
« Fuyons ! s’écria Kennedy ! à terre ! c’est notre seule chance de salut ! »
Mais Fergusson l’arrêta d’une main ferme, et, se précipitant sur la corde de l’ancre, il la trancha d’un coup de hache. Les flammes, s’allongeant vers le ballon, léchaient déjà ses parois illuminées ; mais le Victoria, débarrassé de ses liens, monta de plus de mille pieds dans les airs.
Des cris épouvantables éclatèrent sous la forêt, avec de violentes détonations d’armes à feu ; le ballon, pris par un courant qui se levait avec le jour, se porta vers l’ouest.
Il était quatre heures du matin.
CHAPITRE XLIII
« Si nous n’avions pas pris la précaution de nous alléger hier soir, dit le docteur, nous étions perdus sans ressources.
— Voilà ce que c’est que de faire les choses à temps, répliqua Joe ; on se sauve alors, et rien n’est plus naturel.
— Nous ne sommes pas hors de danger, répliqua Fergusson.
— Que crains-tu donc ? demanda Dick. Le Victoria ne peut pas descendre sans ta permission, et quand il descendrait ?
— Quand il descendrait ! Dick, regarde ! »
La lisière de la forêt venait d’être dépassée, et les voyageurs purent apercevoir une trentaine de cavaliers, revêtus du large pantalon et du burnous flottant ; ils étaient armés, les uns de lances, les autres de longs mousquets ; ils suivaient au petit galop de leurs chevaux vifs et ardents la direction du Victoria, qui marchait avec une vitesse modérée.
À la vue des voyageurs, ils poussèrent des cris sauvages, en brandissant leurs armes ; la colère et les menaces se lisaient sur leurs figures basanées, rendues plus féroces par une barbe rare, mais hérissée ; ils traversaient