faute. Nous emportons d’ailleurs pour deux mois de vivres, et rien n’empêchera notre adroit chasseur de nous fournir du gibier en abondance quand nous prendrons terre.
— Ah ! monsieur Kennedy ! vous allez faire là des coups de maître, dit un jeune midshipman en regardant l’Écossais avec des yeux d’envie.
— Sans compter, reprit un autre, que votre plaisir sera doublé d’une grande gloire.
— Messieurs, répondit le chasseur… je suis fort sensible… à vos compliments… mais il ne m’appartient pas de les recevoir…
— Hein ! fit-on de tous côtés, vous ne partirez pas ?
— Je ne partirai pas.
— Vous n’accompagnerez pas le docteur Fergusson ?
— Non seulement je ne l’accompagnerai pas, mais je ne suis ici que pour l’arrêter au dernier moment. »
Tous les regards se dirigèrent vers le docteur.
« Ne l’écoutez pas, répondit-il avec son air calme. C’est une chose qu’il ne faut pas discuter avec lui ; au fond il sait parfaitement qu’il partira.
— Par saint Patrick ! s’écria Kennedy, j’atteste…
— N’atteste rien, ami Dick ; tu es jaugé, tu es pesé, toi, ta poudre, tes fusils et tes balles ; ainsi n’en parlons plus. »
Et de fait, depuis ce jour jusqu’à l’arrivée à Zanzibar, Dick n’ouvrit plus la bouche ; il ne parla pas plus de cela que d’autre chose. Il se tut.
CHAPITRE IX
Le Resolute filait rapidement vers le cap de Bonne-Espérance ; le temps se maintenait au beau, quoique la mer devînt plus forte.
Le 30 mars, vingt-sept jours après le départ de Londres, la montagne de la Table se profila sur l’horizon ; la ville du Cap, située au pied d’un amphithéâtre de collines, apparut au bout des lunettes marines, et bientôt le Resolute jeta l’ancre dans le port. Mais le commandant n’y relâchait que pour prendre du charbon ; ce fut l’affaire d’un jour ; le lendemain, le na-