Page:Verne - Cinq Semaines en ballon.djvu/48

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par les vallées et les montagnes qui sillonnent la surface du globe, et là, vous le savez, est la principale cause des changements du vent et de l’inégalité de son souffle. Or, une fois ces zones déterminées, le ballon n’aura qu’à se placer dans les courants qui lui conviendront.

— Mais alors, reprit le commandant Pennet, pour les atteindre, il faudra constamment monter ou descendre. Là est la vraie difficulté, mon cher docteur.

— Et pourquoi, mon cher commandant ?

— Entendons-nous : ce ne sera une difficulté et un obstacle que pour les voyages de long cours, et non pas pour les simples promenades aériennes.

— Et la raison, s’il vous plaît ?

— Parce que vous ne montez qu’à la condition de jeter du lest, vous ne descendez qu’à la condition de perdre du gaz, et, à ce manège-là, vos provisions de gaz et de lest seront vite épuisées.

— Mon cher Pennet, là est toute la question. Là est la seule difficulté que la science doive tendre à vaincre. Il ne s’agit pas de diriger les ballons ; il s’agit de les mouvoir de haut en bas, sans dépenser ce gaz qui est sa force, son sang, son âme, si l’on peut s’exprimer ainsi.

— Vous avez raison, mon cher docteur, mais cette difficulté n’est pas encore résolue, ce moyen n’est pas encore trouvé.

— Je vous demande pardon, il est trouvé.

— Par qui ?

— Par moi !

— Par vous ?

— Vous comprenez bien que, sans cela, je n’aurais pas risqué cette traversée de l’Afrique en ballon. Au bout de vingt-quatre heures, j’aurais été à sec de gaz !

— Mais vous n’avez pas parlé de cela en Angleterre ?

— Non. Je ne tenais pas à me faire discuter en public. Cela me paraissait inutile. J’ai fait en secret des expériences préparatoires, et j’ai été satisfait ; je n’avais donc pas besoin d’en faire davantage.

— Eh bien ! mon cher Fergusson, peut-on vous demander votre secret ?

— Le voici, messieurs, et mon moyen est bien simple. »

L’attention de l’auditoire fut portée au plus haut point, et le docteur prit tranquillement la parole en ces termes :