attaques dans une langue qu’il comprenait parfaitement, ne vont pas le faire sortir enfin de son mutisme. Et, pourtant, s’il m’avait fallu parier pour ou contre, j’eusse été fort embarrassé.
Le major Noltitz reprend alors la conversation, en indiquant les incontestables avantages du Grand-Transasiatique au point de vue des relations de commerce entre l’Asie et l’Europe, de la sûreté et de la rapidité des communications. Les anciennes haines disparaissent peu à peu devant l’influence européenne. C’est une nouvelle ère qui s’ouvre pour ces populations, et, en cela, il faut convenir que l’œuvre des Russes mérite l’approbation de toutes les nations civilisées. Ne sont-elles pas justifiées ces belles paroles prononcées par Skobeleff, après la prise de Ghéok-Tepé, lorsque les vaincus pouvaient craindre les représailles des vainqueurs : « Dans la politique de l’Asie centrale, nous ne connaissons pas de parias ! »
« Et cette politique, dit en finissant le major, fait notre supériorité sur l’Angleterre.
— Personne ne peut être supérieur aux Anglais ! »
Telle est la phrase que j’attendais de sir Francis Trevellyan, — phrase que les gentlemen du Royaume-Uni prononcent, dit-on, en venant au monde… Il n’en fut rien.
Mais, lorsque je me levai pour porter un toast à l’Empereur de Russie et aux Russes, à l’Empereur de la Chine et aux Chinois, sir Francis Trevellyan, sentant que sa colère allait déborder, quitta brusquement la table. Décidément, ce n’est pas encore aujourd’hui que je connaîtrai la couleur de ses paroles !
Il va sans dire que, pendant cette conversation, le baron Weissschnitzerdörfer ne s’est occupé que de dévaliser chaque plat, à l’extrême ébahissement du docteur Tio-King. Voilà un Allemand qui n’a jamais lu les préceptes de Cornaro, ou, s’il les a lus, qui les transgresse d’une façon outrageuse ! Il est possible, d’ailleurs, qu’il ne sache pas le français, et n’ait rien compris à ce que nous avons dit en cette langue.
C’est, j’imagine, aussi la raison pour laquelle le seigneur Fa-