Page:Verne - Claudius Bombarnac.djvu/182

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avec l’espoir, disons mieux, la conviction que cette nuit sera aussi calme que les précédentes.

Elle ne devait pas l’être.

Pendant les premières heures, le train a redescendu les pentes du plateau de Pamir à grande vitesse. Puis il a repris sa marche ordinaire sur une longue voie horizontale.

Il pouvait être une heure du matin environ, lorsque je fus réveillé brusquement.

En même temps, le major Noltitz et la plupart de nos compagnons sont tirés de leur sommeil.

Des cris violents se font entendre à l’arrière du train.

Que se passe-t-il ?

Aussitôt l’inquiétude de saisir les voyageurs, — cette inquiétude troublante et irraisonnée que provoque le moindre incident en chemin de fer.

« Qu’y a-t-il ?… Qu’y a-t-il ? »

Ces mots sont prononcés avec effroi de tous côtés et en diverses langues.

Ma pensée est, tout d’abord, que nous sommes attaqués. Je songe au fameux Ki-Tsang, le pirate mongol, dont j’ai si imprudemment peut-être sollicité la collaboration… pour ma chronique !

Un instant encore, et le ralentissement du train indique qu’il va s’arrêter.

Popof, après être entré dans le fourgon, en ressort, et je lui demande ce qui est arrivé.

« Un accident, me répondit-il.

— Grave ?…

— Non, une barre d’attache s’est brisée, et les deux derniers wagons sont restés en détresse. »

Dès que le train est immobile, une douzaine de voyageurs, dont je suis, descendent sur la voie.

À la lueur d’une lanterne, il est facile de constater que la rupture de la barre n’est point due à la malveillance. Mais il n’en est pas