Page:Verne - Claudius Bombarnac.djvu/197

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que cela sera possible, je m’introduirai dans le fourgon, et, comme on dit chez les banquiers, « je vérifierai l’état de la caisse. »

Avant de regagner notre wagon, le major Noltitz me prie de le suivre à l’arrière du train.

La scène dont nous sommes alors témoins ne manque pas d’intérêt ; c’est la livraison de la dépouille du mandarin Yen-Lou, qui est faite par les gardes persans à une escouade de ces soldats de l’Étendard Vert, lesquels forment le corps de gendarmerie chinoise. Le défunt va passer sous la surveillance d’une vingtaine de Célestes, qui doivent occuper le wagon de deuxième classe précédant le fourgon funéraire. Ils sont armés de revolvers et de fusils, et commandés par un officier.

« Allons, dis-je au major, c’était décidément un grand personnage, ce mandarin Yen-Lou, puisque le Fils du Ciel lui envoie une garde honorifique…

— Ou défensive », répond le major.

Le seigneur Faruskiar et Ghangir ont assisté à cette opération, et cela n’a rien de surprenant. L’administrateur n’a-t-il pas le devoir de veiller sur l’illustre défunt confié aux soins des agents du Grand-Transasiatique ?

Les derniers coups de gong retentissent ; chacun se hâte de regagner son wagon.

Et le baron, qu’est-il devenu ?…

Enfin, le voici qui arrive sur le quai en coup de vent. Ses papiers, il les a retrouvés au fond de sa dix-neuvième poche. Il a obtenu le visa nécessaire… mais il était temps.

« Les voyageurs pour Pékin, en voiture ! » crie Popof d’une voix sonore.

Le train s’ébranle, il part, il est parti.

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