trouver sur cette partie du Transasiatique les vitesses du Transcaspien. Ou bien les locomotives chinoises sont moins rapides, ou, grâce à leur indolence naturelle, les mécaniciens s’imaginent qu’un rendement de trente à quarante kilomètres à l’heure, c’est le maximum qui puisse être obtenu sur les railways du Céleste-Empire.
À cinq heures du soir, autre station, Nia, où le général Pevtzoff avait établi un observatoire météorologique. Ici l’arrêt n’est que de vingt minutes. J’ai le temps de faire emplette de quelques provisions à la buvette de la gare. À qui elles sont destinées, on le devine.
Les voyageurs que nous prenons en route ne sont plus que des gens d’origine chinoise, hommes ou femmes. Il est rare qu’ils occupent les wagons de première classe, et, d’ailleurs, ce n’est que pour de courts trajets.
Nous n’étions partis que depuis un quart d’heure, lorsque Fulk Ephrinell, l’air grave d’un négociant qui va traiter une affaire, vient me rejoindre sur la plate-forme de notre wagon.
« Monsieur Bombarnac, me dit-il, j’ai un service à vous demander. »
Eh ! pensai-je, il sait bien me rencontrer, ce Yankee, lorsqu’il a besoin de moi.
« Trop heureux, si je puis vous obliger, monsieur Ephrinell, ai-je répondu. De quoi s’agit-il ?
— Je viens vous prier de me servir de témoin.
— Une affaire d’honneur !… Et avec qui, s’il vous plaît ?…
— Avec miss Horatia Bluett.
— Vous vous battez avec miss Horatia Bluett ? me suis-je écrié en riant.
— Pas encore… je l’épouse.
— Vous l’épousez ?…
— Oui, une femme précieuse, très entendue aux choses du commerce, teneuse de livres distinguée…
— Mes compliments, cher monsieur Ephrinell ! Vous pouvez compter sur moi…