Page:Verne - Claudius Bombarnac.djvu/214

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— Voyons, pour célébrer le mariage, il faut…

— Il faut un ministre américain, et nous avons le révérend Nathaniel Morse.

— Il consent ?…

— S’il consent !… Mais il marierait tout le train, si le train le lui demandait.

— Bravo, monsieur Ephrinell !… Un mariage en chemin de fer, voilà qui nous promet quelque agrément.

— Monsieur Bombarnac, il ne faut jamais remettre au lendemain ce qui peut être fait le jour même.

— Oui, je sais… Time is money

— Non ! Time is time tout simplement, et n’en perdons jamais rien, fût-ce une minute. »

Fulk Ephrinell me serre la main, et, comme je l’ai promis, je vais commencer les démarches relatives aux témoins que nécessite la cérémonie nuptiale.

Il va de soi que le courtier et la courtière sont libres tous les deux, qu’ils peuvent disposer de leurs personnes, contracter mariage devant un clergyman, ainsi que cela se fait en Amérique, et sans ces fastidieux préliminaires exigés en France et autres pays formalistes. Est-ce un bien, est-ce un mal ? Les Américains pensent que cela est mieux ainsi, et comme l’a dit Cooper, « le mieux de chez eux est le mieux de partout ».

Je m’adresse d’abord au major Noltitz, qui accepte volontiers d’être le témoin de miss Horatia Bluett.

« Ces Yankees sont étonnants, me dit-il.

— Précisément parce qu’ils ne s’étonnent de rien, major. »

Même proposition de ma part, au jeune Pan-Chao.

« Enchanté, monsieur Bombarnac ! me répond-il. Je serai le témoin de cette adorable et adorée miss Horatia Bluett ! Si un mariage entre Anglaise et Américain, avec des témoins français, russe et chinois, n’offre pas toutes les garanties de bonheur, où les rencontrerait-on ? »

Et à présent, au tour de M. Caterna.