Page:Verne - Claudius Bombarnac.djvu/233

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bien que miss Horatia Bluett et Mme Caterna cherchent à les retenir à l’intérieur des voitures. Il est vrai, plusieurs balles ont pénétré à travers les panneaux, et je me demande si Kinko n’a pas été atteint dans son fourgon…

Le major Noltitz, qui se trouve près de moi, me dit :

« Ça ne va pas !

— Non, ça ne va pas, ai-je répondu, et je crains que les munitions soient près de manquer ! Il faudrait mettre le chef de ces malfaiteurs hors de combat… Venez, major… »

Mais ce que nous voulons faire, un autre le fait en ce moment.

Cet autre, c’est le seigneur Faruskiar. Après avoir troué les rangs des assaillants, il les a repoussés hors de la voie en dépit des coups dirigés contre lui… Le voici devant le chef des bandits… il lève le bras… il le frappe de son kandjiar en pleine poitrine…

Aussitôt la troupe de battre en retraite, sans même prendre la peine d’enlever ses morts et ses blessés. Les uns détalent par la plaine, les autres disparaissent au plus profond des halliers. Les poursuivre, à quoi bon, puisque la lutte est terminée à notre avantage ?… Et, j’ose le dire, sans l’admirable valeur du seigneur Faruskiar, je ne sais s’il fût resté un seul de nous pour raconter cette histoire !

Cependant le chef des bandits n’est pas mort, bien que le sang coule en abondance de sa poitrine…

Et alors nous sommes témoins d’une scène que je n’oublierai jamais, — une scène qui est toute dans l’attitude des personnages.

Le chef est tombé, un genou à terre, une main dressée, l’autre appuyée sur le sol.

Le seigneur Faruskiar est debout près de lui, le dominant de sa haute taille…

Soudain cet homme se redresse dans un dernier effort, son bras menace son adversaire… il le regarde…

Un dernier coup de kandjiar lui traverse le cœur.