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Page:Verne - Claudius Bombarnac.djvu/300

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Nous laissons la jeune Roumaine aux caresses aussi exagérées que sincères de l’excellente dugazon. Mme Caterna ne veut plus la quitter, déclarant qu’elle la considère comme sa fille, et qu’elle la défendra avec les entrailles d’une mère. Puis Pan-Chao, le major Noltitz, M. Caterna et moi, nous revenons à la gare, où sont les bureaux du directeur du Grand-Transasiatique.

Le directeur est dans son cabinet, et, sur la demande de Pan-Chao, on nous introduit près de lui.

C’est un Chinois dans toute l’acception du mot, et capable de toutes les chinoiseries administratives, — un fonctionnaire qui fonctionne, je vous prie de le croire, et qui en remontrerait à ses collègues de la vieille Europe.

Pan-Chao lui raconte l’affaire, et, comme il comprend assez couramment le russe, le major et moi nous pouvons prendre part à la discussion.

Oui ! il y a eu discussion. Cet invraisemblable Céleste ne craint pas de soutenir que le cas de Kinko est des plus graves… Une fraude entreprise en ces conditions… une fraude qui s’exerce sur un parcours de six mille kilomètres… une fraude qui fait tort d’un millier de francs à la Compagnie du Grand-Transasiatique, à ses actionnaires…

On répond à ce Chinois chinoisant que tout cela est vrai, mais qu’en somme le dommage eût été bien autrement considérable si le fraudeur ne se fût trouvé dans le train, puisqu’il l’avait sauvé au risque de sa vie, et, en même temps que le matériel, l’existence des voyageurs…

Eh bien, le croirait-on ? Ce magot de porcelaine vivante nous donne à entendre qu’à un certain point de vue, mieux eût valu avoir à regretter la mort d’une centaine de victimes…

Oui ! nous connaissons cela ! Périssent les colonies et tous les voyageurs d’un train plutôt qu’un principe !

Bref, nous n’avons rien pu obtenir. La justice suivra son cours contre le fraudeur Kinko.