naître, n’aurait jamais pu se défendre, puisqu’il ne savait pas un mot de chinois.
C’est alors que Pan-Chao se présente. Le juge le connaît, il lui sourit.
En effet, notre compagnon est le fils d’un riche marchand de Pékin, fournisseur attitré des débits de thé de Toung-Tien et de Soung-Foug-Cao. Aussi les hochements de tête du juge prennent-ils une signification plus sympathique.
Il est vraiment pathétique et spirituel, notre jeune avocat ! Il intéresse le juge, il émeut l’auditoire par le récit de ce voyage, il en raconte les péripéties, il fait l’offre de rembourser à la Compagnie ce qui lui est dû…
Malheureusement, le juge ne peut y consentir… Il y a eu un dommage matériel, avec un dommage moral, etc., etc.
Là-dessus, Pan-Chao s’anime, et, bien que nous ne comprenions rien à son discours, nous devinons qu’il parle du courage de Kinko, du sacrifice qu’il a fait de sa vie pour le salut des voyageurs, et enfin, comme suprême argument, il plaide que son client a sauvé le trésor impérial.
Éloquence inutile ! En effet, les arguments sont sans force devant ce magistrat impitoyable, qui n’a pas absous dix accusés pendant le cours de sa longue carrière. Il veut bien épargner la bastonnade au délinquant, mais il lui applique six mois de prison avec dommages-intérêts envers la Compagnie du Grand-Transasiatique. Puis, à un signe de cette machine à condamner, on emmène le pauvre Kinko.
Que les lecteurs du XXe Siècle ne s’apitoient pas sur le sort de Kinko ! Dusse-je y perdre cent lignes de reportage, j’aime mieux dire dès à présent que tout s’est arrangé.
Le lendemain, Kinko fait une entrée triomphante dans la maison de l’avenue Cha-Coua, où nous étions réunis, tandis que Mme Caterna prodiguait ses consolations maternelles à la malheureuse Zinca Klork.
Les journaux s’étaient emparés de l’affaire. Le Chi-Bao de Pékin