Dans ces conditions, il était évident que le trajet s’opérerait sans dommage, et Jean Taconnat verrait s’envoler ses espérances « d’adoption traumatique », comme disait Marcel Lornans.
« Ainsi, messieurs, demanda le guide, cette galera paraît vous suffire ?…
— De tout point, répondit Marcel Lornans, et si M. Dardentor veut y prendre place…
— À l’instant, mes jeunes amis. À vous l’honneur, monsieur Marcel.
— Après vous, monsieur Dardentor.
— Je n’en ferai rien. »
Ne voulant point allonger cet échange de politesses, Marcel Lornans se décida.
« Et vous, monsieur Taconnat, dit Clovis Dardentor. Mais qu’avez-vous donc !… Quel air préoccupé… Qu’est devenue votre bonne humeur habituelle ?…
— Moi… monsieur Dardentor ?… Je n’ai rien… je vous assure… rien…
— Vous n’imaginez pas qu’il puisse nous arriver un accident avec ce véhicule ?…
— Un accident, monsieur Dardentor ! répliqua Jean Taconnat, qui haussa les épaules. Et pourquoi arriverait-il un accident ?… Je ne crois pas aux accidents !
— Ni moi non plus, jeune homme, et je vous garantis que notre galera ne chavirera point en route…
— Et d’ailleurs, ajouta Jean Taconnat, si elle chavirait, encore conviendrait-il que ce fût dans une rivière, un lac, un étang, une cuvette… ou ça ne compterait pas.
— Comment… ça ne compterait pas ! Elle est forte, celle-là !… s’écria M. Dardentor, en ouvrant de grands yeux.
— Je veux dire, reprit Jean Taconnat, que le texte du code est formel… Il faut… Enfin, je m’entends ! »
Et Marcel Lornans de rire aux explications embarrassées de son cousin, en quête de paternité adoptive.